Se rassembler en faveur des droits fondamentaux que tout État démocratique doit garantir

par | Mar 28, 2025 | Article | 0 commentaires

Représentatif de la société civile dans sa diversité, le Collectif démocratie, éthique et solidarités (CDES) regroupe depuis mai 2024 des citoyens issus de multiples disciplines et domaines, impliqués dans la réflexion portant sur les questions de vulnérabilité, notamment sur les conditions d’accompagnement de la fin de vie et ses changements législatifs éventuels.
Il a pour préoccupation essentielle de contribuer à un travail citoyen transversal collaboratif et argumenté, en contact avec les réalités sociales et médicales et poursuit une concertation de terrain sur la maladie, la perte d’autonomie, les situations de handicap, la vieillesse, les souffrances et la fin de vie fondée sur des faits, guidée par des valeurs éthiques, démocratiques et solidaires.


Son manifeste pose un constat : « en l’état actuel, l’aide à mourir conçue par le projet de loi relative à l’accompagnement des malades et de la fin de vie expose les plus vulnérables d’entre nous à des risques réels d’injustices, de violences, de maltraitances, d’abus d’influence ou encore d’abandon, contraires aux droits fondamentaux que tout État démocratique doit garantir. Elle ouvre la voie à des pressions psychologiques et économiques qu’elle n’encadre pas, les seules dérives passibles de poursuites judiciaires concernant les médecins qui refuseraient le geste létal pour des motifs éthiques et déontologiques. Elle a également pour effet de remettre en cause les valeurs et le sens du soin, de la relation à l’autre, de nos solidarités humaines et sociales, indispensables pour faire face aux défis existentiels les plus délicats, auxquels nous confrontent l’approche de la mort et les souffrances qui l’accompagnent.1 »


Les membres du CDES se sont rassemblés autour d’une conception commune des « droits fondamentaux que tout État démocratique doit garantir », ces droits qui ne sauraient être davantage fragilisés par des équivoques relativisant nos devoirs d’humanité et nos règles d’hospitalité là où dans la maladie, la perte d’autonomie, la souffrance et la précarité de son existence une personne espère le regard bienveillant et le geste de sollicitude qui ne trahira pas la valeur d’un engagement.


Le CDES s’impose désormais comme une force d’analyse, de recherche et de propositions réunissant dans ses composantes des membres de la société civile. La confrontation des expériences, des expertises et des opinions associées à cette initiative permet de contribuer au discernement de chacun, et peut-être d’encore mieux identifier et caractériser ce à quoi nous estimons ne pas devoir nous soumettre. Nous sommes les uns et les autres passionnés de cette liberté de pensée, de cette exigence du débat contradictoire étayé par l’expertise, les témoignages et des données fiables, de ce souci de l’inaliénable dignité reconnue à la personne pour estimer responsable d’intervenir ensemble dans l’espace public. Y compris à rebours des discours qui sollicitent la variabilité de nos principes, l’indifférence ou le détachement à l’égard de repères ou de règles auxquels doit s’arrimer la vie démocratique.


Il nous faut comprendre, approfondir et si nécessaire sauvegarder la valeur du patrimoine moral et social dont nous sommes personnellement et collectivement comptables, exercer au prix du courage d’une contestation de l’inacceptable ces devoirs de démocrates dont notre honneur est d’en être les garants. Sans obstination, dans la retenue et la justesse d’une approche rétive au dogmatisme, prudente et attentionnée, mais qui se refuse à abdiquer lorsqu’une analyse mobilisant dans le dialogue les savoirs et les expériences assigne au devoir de lucidité, de vigilance et parfois d’alerte.

Nombreuses sont le personnes qui, au-delà du CDES, ne renoncent pas à maintenir au vif de leurs engagements le souci éthique du bien commun, les principes d’un vivre ensemble si peu compatibles avec la rhétorique de l’aide active à mourir promue comme dernier devoir d’une société à l’égard de la personne qui n’y croit plus, au point de revendiquer comme un dernier droit celui de s’en extraire, d’en être délivrée. Leurs témoignages et leurs implications courageuses et constructives parfois aux marges d’une société qui aurait été incitée à désapprendre et à déconstruire ce qu’ils signifient et honorent de ce que nous sommes ensemble, de ce qui fait société, inspirent et éclairent nos réflexions, renforcent notre mobilisation.